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Casser des catelles pour se reconstruire

Impossible de louper, en se rendant au Bâtiment administratif de la Pontaise (BAP) à Lausanne, l’imposant chantier de mosaïque en cours de réalisation dans le hall d’entrée. Au-delà du simple projet d’embellissement, c’est une démarche de réinsertion conduite par l’association «Embellimur» qui est en cours.

 

«C’est un coup de bol. J’étais en train de construire un hammam chez moi dans la vieille étable, et j’ai dû faire un peu de mosaïque. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé le potentiel thérapeutique de cette activité», raconte Laurent Vuilleumier, ergothérapeute et directeur d’Embellimur. L’association, qu’il a créée en 2011, a pour but la réinsertion de personnes bénéficiaires du revenu d’insertion (RI) et de requérants d’asile au travers de la création de mosaïques. L’association a déjà réalisé des mosaïques sur plusieurs murs du canton, à la Maison d’enfants de Penthaz, ou à la prison pour femme de la Tuillière par exemple. Mais celle en cours de création au BAP est la plus grande que l’association ait jamais réalisée. Tous les jours, une dizaine de personnes s’affairent autour des catelles de couleur, afin de donner vie aux différentes personnalités vaudoises qui composent l’œuvre.

Apprendre de l’autre

S’étant familiarisé à la problématique de la migration en travaillant pendant plusieurs années pour l’association «Appartenances», Laurent Vuilleumier s’est aussi retrouvé confronté à la question de la réinsertion professionnelle après une longue période à la maison comme père au foyer. C’est donc naturellement que s’est imposée l’idée de proposer cette activité à des requérants d’asile ainsi qu’à des personnes bénéficiaires du RI. D’ailleurs, les deux groupes peuvent aussi apprendre l’un de l’autre selon lui: «Pédagogiquement, je trouvais intéressant de montrer aux requérants d’asile que tous les Suisses ne sont pas aisés, et montrer aux personnes à l’aide sociale que ce ne sont pas les étrangers qui leur volent leur travail.»

L’ergothérapie pour rétablir un lien social

«Il y a deux grands versants de l’ergothérapie, explique Laurent Vuilleumier: rendre l’activité possible, et utiliser l’activité comme moyen thérapeutique.» C’est en ce sens que la mosaïque est une activité intéressante. Sa réalisation demande un temps considérable. L’occasion donc pour les participants de se (re)construire petit à petit une routine, gagner en confiance, apprendre à collaborer, prendre des initiatives, et, surtout, de laisser une trace. «C’est une manière originale et innovante de faire de l’insertion, et c’est un résultat qui reste, explique Caroline Knupfer, secrétaire générale adjointe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS). C’est extrêmement valorisant pour les participants de pouvoir ensuite montrer le résultat de leur travail.»

Un patrimoine qui appartient à tous

Ce qui frappe avant tout en regardant l’œuvre, c’est la multitude de personnages qui y figurent. En s’approchant de plus près, on ne manque pas de reconnaître Jean-Pascal Delamuraz, Audrey Hepburn, ou encore Burki, parmi la vingtaine de personnalités vaudoises qui ont été sélectionnées. «Embellimur a proposé très rapidement de travailler sur le patrimoine, explique Caroline Knupfer. Ce qui m’a plu, c’est que des personnes d’origine étrangère travaillent sur des symboles du patrimoine vaudois. C’est un acte politique et symbolique de dire que ce patrimoine appartient à tous, aussi aux personnes qui sont arrivées récemment.»

L’inauguration de la fresque aura lieu jeudi 30 novembre. Tout le monde pourra alors tenter de découvrir l’identité des personnages figurant sur la mosaïque!

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LA GAZETTE Media de la Fonction Publique

n° 281, 9 novembre 2017

 

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